Prévention spécialisée

Chef de service Grand Mamoudzou/ Petite Terre: Driss Abeka – driss.abeka@apprentis-auteuil.org

Chef de service Nord – Brandaboua et Dzoumogne :  Nadhirou Abdou- nadhirou.abdou@apprentis-auteuil.org

prevention.specialisee@apprentis-auteuil.org

Définition

La Prévention Spécialisée est « une action éducative et sociale, à la fois collective et individuelle, auprès des jeunes en souffrance, marginalisés, pris dans des processus de ruptures multiples, qu’ils soient en groupe ou isolés, dans leur milieu de vie ».

Cette intervention consiste à « aller vers les jeunes et leurs familles qui, du fait de leur histoire personnelle, leurs conditions sociales, leurs difficultés familiales et socio-professionnelles, sont à distance des réseaux d’insertion habituels »

 

 

Yasser

« J’ai été accompagné par la Prévention Spécialisée dans la constitution de mon dossier de demande de titre de séjour. Grâce à cet accompagnement, je me suis engagé depuis peu dans un CAP Boucherie et j’organise pour moi et ma famille un départ en métropole pour réaliser mon stage long. »

 

 

 

 

Le public

 

La Prévention Spécialisée est une action éducative de proximité qui s’adresse aux pré-adolescents, adolescents et jeunes adultes de 11 à 25 ans en situation de risque d’exclusion sociale, de marginalisation et éloignés des dispositifs de droit commun.

Une attention particulière vers les enfants de 11-18 ans en rupture s’est créé dès lors qu’un risque de marginalisation et de rupture avec les institutions est identifié, pour agir de manière précoce et travailler à leur orientation rapide vers les services départementaux ou les acteurs de droit commun .

Ces jeunes éprouvent des difficultés à se projeter dans l’avenir à court, moyen ou long terme.

 

Finalité et Objectifs

Le Service de Prévention Spécialisée a pour finalité d’aider à l’insertion des jeunes et de leurs familles dans des lieux où se manifestent des risques d’inadaptation sociale en :

  • Menant des actions éducatives visant à aider les jeunes à se prendre en charge au quotidien et à imaginer un projet (de vie, professionnel, …)
  • Contribuant au maintien et au rétablissement des règles de vie sociale au sein de la population d’un quartier, d’une commune, …
  • Participant au développement de la vie sociale et culturelle des quartiers,
  • Valorisant les populations en difficulté et en travaillant sur les compétences des uns et des autres pour développer les potentialités,
  • Inscrivant sa démarche dans le temps.

Objectifs

Le Service de Prévention Spécialisée poursuivra les objectifs suivants :

  • Soutenir les jeunes en difficulté dans leur parcours scolaire, en rupture ou en voie de rupture avec l’école,
  • Accompagner les jeunes dans des démarches liées à l’insertion sociale et professionnelle,
  • Orienter les jeunes vers des dispositifs de droit commun,
  • Favoriser les pratiques d’activités sportives et culturelles,
  • Accompagner les parents à mieux assurer leurs responsabilités d’autorité et d’éducation,
  • Participer à l’apprentissage de la citoyenneté en combattant le phénomène de violence,
  • Accompagner les mairies et les élus des différentes communes à appréhender la problématique de la prévention de la délinquance,
  • Prévenir les conduites à risques, qui s’agissent plus particulièrement des conduites addictives ou, plus globalement de toutes les conduites de « mise en danger »,
  • Améliorer l’information et l’aide aux victimes,
  • Soutenir les initiatives visant à renforcer le lien social et prévenir l’isolement.

 

La Prévention Spécialisée joue ainsi un double rôle de prévention sur :

  • Les comportements inadaptés et préoccupants, en provoquant la rencontre pour tenter de favoriser l’accompagnement et le suivi d’une relation éducative constructive et durable, y compris pour les plus jeunes,
  • Les risques d’exclusion, en favorisant et en accompagnant les jeunes vers l’accès à la formation, à l’emploi, au logement, à l’information, à la santé, à la culture et au sport.

Ses principes

La libre adhésion

Seul principe inscrit dans l’arrêté du 04 juillet 1972, la libre adhésion implique la nécessité que la relation éducative soit librement consentie de part et d’autre. Les notions de temps et de confiance sont des passages obligés pour mettre en place toute action éducative de Prévention Spécialisée.

Ce principe exprime la démarche « d’aller vers », par sollicitations régulières des jeunes marginalisés, de leur milieu, de façon volontaire mais respectueuse du temps nécessaire à l’établissement d’une relation, respectueuse aussi des espaces et des moments favorables aux contacts. Il est nécessaire que le jeune soit acteur de sa démarche, condition impérative de la construction d’une relation éducative.

Par ailleurs, l’outil original de la Prévention Spécialisée qu’est le contact libre permet de ne pas reproduire le fonctionnement « institutionnel » auprès de public qui sont déjà en décrochage, et même réfractaire vis à vis de ces mêmes institutions.

L’absence de mandat nominatif

La Prévention Spécialisée n’a pas de mandat nominatif. Les personnes rencontrées ne sont pas désignées nominativement, ni par une instance administrative, ni par une instance judiciaire. La commande publique désigne globalement les jeunes en rupture et en voie de marginalisation et leur famille sur un territoire donné par le donneur d’ordre.

Le travail de Prévention Spécialisée repose sur un mandat « collectif » donné par les pouvoirs publics. Ses actions ne prennent sens que lorsqu’elles sont complémentaires des autres interventions sociales et mises en cohérence dans le cadre de la commande publique territoriale.

 Le respect de l’anonymat

La garantie de l’anonymat est nécessaire à la mise en place d’une relation de confiance entre le jeune, la famille, l’éducateur et le service de prévention.

La communication d’informations transmises par le jeune sur sa vie à des partenaires susceptibles de faire évoluer sa situation, doit revêtir son consentement, en lien avec sa famille (mineur) ou décidée par l’équipe éducative lorsque cela s’avère nécessaire (situation de danger).

Au-delà de cette posture professionnelle, l’éducateur s’attachera à faire sortir le jeune de l’anonymat pour l’aider et l’accompagner dans ces différentes démarches. Acteur de son parcours, le jeune réapprend à se nommer lui-même puis devant les autres. A travers les actions qu’il mène, il se construit progressivement une identité citoyenne.

L’approche non institutionnelle

L’intérêt de la pratique de la Prévention Spécialisée repose sur la capacité des professionnels à s’adapter, à innover continuellement en restant force de propositions adéquates et adaptées devant chaque nouvelle situation. Ce sont les besoins du milieu, du territoire d’intervention qui doivent être à l’origine des actions menées.

Les éducateurs n’ont pas vocation à gérer de façon pérenne une activité, mais plutôt à être des personnes ressources capables d’orienter et d’accompagner les jeunes.

Du terrain aux permanences

Les actions se situent à:

  • Mamoudzou 1 : Kawéni, Cavani, Mamoudzou centre (M’Gombnai)
  • Mamoudzou 2 :Vahibé,Doujani,Tsoundzou I, Mstapere,Passamainty,Tsoundzou II
  • Communauté des communes de Petite-Terre (Labattoir, Pamandzi)
  • Bandraboua
  • Bouyouni
  • Dzoumogné

La pertinence de nos actions de Prévention Spécialisée repose sur la bonne connaissance du territoire d’intervention.

Si le travail de rue constitue un élément capital de ce repérage, d’autres actions permettent de le compléter et en particulier :

  • Le travail en réseau et le partenariat qui permet d’échanger des connaissances,
  • Les accompagnements éducatifs en ce qui concerne la connaissance des difficultés que rencontrent les jeunes, la construction de réponses en terme d’élaboration de parcours d’insertion.

 

  • Connaître notre public, ses attentes et ses besoins,
  • Orienter ou réorienter notre action,
  • Instaurer un dialogue avec les acteurs du territoire,
  • Mettre en place des partenariats avec les acteurs présents dans les quartiers pour :
  • Combiner nos interventions,
  • Mettre en place des actions collectives,
  • Préparer les passages de relais dans la prise en charge des jeunes.

 

Le travail de rue

L’intervention de prévention spécialisée repose sur la présence sociale ou « travail de rue » des équipes, là et quand les jeunes se regroupent

Ce travail de rue est un moyen privilégié d’atteindre les jeunes entretenant des rapports difficiles avec les institutions, de connaître personnellement les jeunes et de se familiariser avec leurs comportements, de se faire reconnaître par eux et par leur environnement et donc de créer les conditions de la relation de confiance.

Cette présence dans la rue et dans tous les espaces publics du quartier permet aux équipes de Prévention Spécialisée d’observer les réalités sociales et les analyser. Cette proximité et cette connaissance globale des populations sont un atout pour :

  • Identifier les potentialités, les problématiques vécues,
  • Se rendre disponible pour les jeunes et les familles en risque de rupture et de marginalisation.

Le local

Les permanences permettent d’accueillir un public qui entretient des relations difficiles avec les institutions ou qui recherche la discrétion, et également d’élaborer des projets.

Ce temps de permanence sont volontairement moindres, car le principe-même de la prévention spécialisée étant d’aller vers les habitants du quartier.

Il existe désormais des permanences :

Mamoudzou 1 : au service à Kawéni (6 rue de la Paix à Kaweni) —-> jeudi de 17h à 19h

Mamoudzou 2 : Local de l’association Yes We Can Nette (vendredi de 15h à 17h) à M’Tsapéré et MJC de Vahibé

—–> jeudi de 17h à 19h

Petite Terre : Local Dagoni, La Vigie  —–> jeudi de 16h à 18h

Dzoumogné : au service à Dzoumogné ( 25 rue Mahatavi Dzoumogné) —> mercredi de 9h à 12h

Bandraboua- Bouyouni : au service à Dzoumogné ( 25 rue Mahatavi Dzoumogné) —-> mardi de 9h à 12h

semaine paires et au CCAS de Bandraboua semaines impaires

 

Les actions collectives

Les actions collectives sont un support à la relation. Elles permettent:

  • Aux jeunes d’acquérir une première base d’expérience de socialisation,
  • Aux éducateurs d’observer les comportements, le positionnement de chacun au sein d’un collectif pour ainsi affiner la relation éducative individuelle en s’appuyant sur une activité qui fait tiers.

 

La Prévention Spécialisée est bien dans un travail éducatif ciblé. Le développement d’actions collectives concernant un groupe de jeunes doit répondre à des objectifs précis déclinés sous forme de projet, que ce soit pour les approcher, gagner leur confiance ou soutenir leur autonomie et leur créativité, en les aidant à réaliser leurs projets.

Exemples d’actions collectives :

  • Les actions de prévention au décrochage scolaire : soutien scolaire, aide aux devoirs, auprès des enfants et des adolescents, etc.,
  • Les actions de prévention santé : addictions, maladies sexuellement transmissibles, grossesses précoces, etc.,
  • Les actions de prévention de la délinquance : citoyenneté, vivre-ensemble, intervention de la brigade de la délinquance, etc.,
  • Les actions sportives,
  • Les actions autour du chant, de la danse, du théâtre, etc.,
  • Les actions autour de la parentalité auprès des pères, auprès des mères, auprès des familles,

 Le partenariat

Pour mener à bien l’ensemble de leurs missions, les éducateurs ne peuvent pas travailler isolément. Ils se doivent de travailler en réseau et en complémentarité avec d’autres intervenants sociaux, d’autres professionnels.

Ceci implique la mise en œuvre de deux formes de partenariat :

  • Le partenariat institutionnel : Conseil Départemental, Collectivités Locales, État …
  • Le partenariat associatif

 

Bilan 2020

Pour l’équipe du Nord, nous pouvons notifier que l’intégralité de la population que nous accompagnons a plus de 16 ans. Cela pourrait s’expliquer par le fait, que dans 67% des situations, ceux sont des parents qui nous sollicitent. La population majoritairement touchée est féminine, une des raisons envisagées peut être la création et où le maintien du lien avec elle, pendant la période du confinement.

Quasiment la moitié de nos orientations sont issus de la présence sociale (maraude dans les quartiers) et plus de 30 % de nos orientations proviennent de nos permanences. Nous avons donc un travail de visibilité à réaliser auprès de nos partenaires du fait du lancement de l’activité même s’il a déjà été conséquent pour cette première année.

 

Pour l’équipe de Mamoudzou,

Suite au confinement, nous avons accompagné un public majoritaire féminin, âgé de plus de 18 ans. Cependant nous pouvons également noter que les moins de 11 ans reviennent nous solliciter. Nous notons également que le public féminin, même s’il est majoritaire tend à diminuer comparativement à la période précédente et que le public masculin tant à augmenter.

Une grande partie des missions de l’équipe en milieu d’année a représenté des actions ponctuelles mais réitérées, relatives à des opérations de distribution de vêtements, de kit d’hygiène, de masques, de distribution d’aides alimentaires en lien avec la Croix-Rouge, et actions de sensibilisation aux risques liés à la sexualité. L’association Yes We Can Net, reste d’ailleurs, un partenaire privilégié pour ce qui est de la réponse à des besoins de première nécessité à savoir alimentaire, par la distribution de bons alimentaire ou l’accès à son épicerie solidaire.

Cependant des actions ponctuelles en lien avec la scolarité et l’insertion professionnelle existent, sollicitant des partenaires comme le Centre de formation continu d’Apprentis Auteuil, le Casnav, la Mission Locale, ou encore des associations de quartier comme ABK, ou Kawéni Nouvelle Aire),.

Fin d’année

Le nombre de jeunes de plus de 18 ans qui représentait une majorité des personnes suivies a diminué pour laisser place à une augmentation nette du nombre de jeunes de 11-16 ans, mutiplié par 5 en quelques mois. Nous notons également l’apparition des moins de 11 ans désormais.

L’équipe a pour objectif en 2021 de redoubler d’efforts sur le terrain et de créer des animations collectives et toucher les jeunes de 11 à 18 ans grâce à ces activités.